100 bougies pour l'Office du Tourisme de Chamonix

A pied, à ski et en ULM tous les chemins mènent à Chamonix. La station fête le centenaire du syndicat d'initiative où officia Frison-Roche
Une expo sur les Sommets du 7ème art, un troisième festival Cosmo Jazz où pianos et saxos tutoient le Mont Blanc sous la baguette d’André Manoukian, du grand spectacle au Montenvers où les effets spéciaux d’un tout nouveau Glaciorium vous immergent dans les mystères de l’évolution des glaciers…Pour les 100 ans de son « Syndicat d’Initiative » (1) où officia Roger Frison-Roche, Chamonix cultive un second souffle culturel et gourmand, le temps d’accrocher une 5ème étoile au Hameau Albert 1er et à l’Hôtel Mont Blanc…Chamonix the place to be !

L’incontournable rue des Moulins

Epicentre du Chamonix branché, la rue des Moulins n’est pas seulement le paradis des clubbers, des gourmets et des fans de déco. Entre deux jam sessions au Cap Horn (2), une folle nuit au White Hub et un coup de cœur pour les vêtements et décors intemporels de la griffe Arpin apposée sur l’ancienne maison du champion Guy Périllat, silence on tourne…
La saga du cinéma des années 40 à Chamonix captive les visiteurs du « 7ème Art au sommet », première exposition présentée par la Maison de la Mémoire et du Patrimoine (3). Ouvert au printemps dernier dans l’antique demeure des sœurs de La Charité de La Roche-sur-Foron, le nouvel espace culturel braque les projecteurs sur Le Grand Elan et L’Assassinat du Père Noël de Christian Jaque, La Patrouille Blanche de Christian Chamborant, La Tour Blanche de Ted
Tezlaff….Entre autres films tournés à Chamonix, au même titre que Premier de Cordée, adapté du roman de Roger Frison-Roche par Louis Daquin. Un film préparé comme une expédition de haute montagne, révèle le passionnant documentaire d’Alain Pol.

Cinéma, gastronomie et Jazz au sommet

Il ne fallut pas moins de 40 porteurs pour acheminer chaque jour les tonnes de matériel exigé pour le tournage de scènes d’altitude dans les séracs du glacier du Géant, au Chandelier et au Clocher du Tacul. L’incursion dans les coulisses de Premier de Cordée vous propulse aussi le long de la paroi du Brévent, dans le sillage de la script girl : en proie au vertige, elle était solidement harnachée dans un petit siège descendu tous les jours le long d’une poulie !
« Les vraies stars sont celles qui font des trucs là haut », s’exclame un peu plus tard André Manoukian à la table de l’Auberge du Bois Prin (4) fraichement étoilée par le Guide Michelin qui vient aussi de décerner un Bib Gourmand au restaurant La Remise à Argentière. A Chamonix, la cuisine de chefs à domicile a aussi de beaux jours devant elle avec Basile Goy (5), ancien cuisinier du Bistrot (1 Etoile au Michelin) et Rachel Peche (6), à qui l’on doit la fine fleur des desserts sur mesure, telles ses fameuses meringues à la rose.

Les coups de cœur d’André Manoukian

Entre deux concerts en altitude, un apéro jazz et une cosmo jam dans les hôtels, restaurants chamoniards qui, toutes les dernières semaines de juillet, jouent le jeu de son désormais rituel Cosmo Jazz Festival (7), André Manoukian ne boude pas le plaisir d’ «abolir les frontières et les territoires sonores, déployés aux rythmes venus cette année d’Ethiopie, du Caucase et du Mali, faire résonner nos cathédrales de granit, nos autels de glace et les flèches de nos mélèzes. »

Enfant du pays depuis son coup de coeur il y a dix ans pour la station où il était venu donner un concert pour le Club Med, André Manoukian vit désormais avec son épouse Stéphanie et leurs enfants, au pied du glacier de l’Aiguille du Midi. Un haut lieu de « la règle d’or de l’harmonie avec laquelle Bach a élaboré une sublime architecture sonore », note l’encyclopédie vivante et souriante d’une musique qui ouvre ses partitions sur les rives du Lac Bleu, offertes le 26 juillet, à la rencontre d’une voix corse, Battista Acquaviva, avec les cordes du kamentché de Gaguik Mouradian.

Un piano sur l'herbe

Du haut de Montenvers, la Mer de Glace donne le tempo le lendemain au groove éthiopien de Hamelmal Habate &Imperial Tigra Orchestra...Et voilà que le piano de Malcom Braff atterrit samedi matin face au Mont Blanc, sur l'herbe du Tour-Charamillon, livré l'après-midi aux envolées rock ou electro de Tigran Hamasyan, le "Mozart des Carpates".
L’arc-en-ciel musical s’étend dimanche au Domaine du Brévent où le groupe Ochumare mêle la Caraïbe au swing cosmopolite, avant de céder la place au balaphon et au vibraphone hypnotique de Lansiné Kouyaté et David Neerman. L’art et la manière d’inventer à Chamonix la world music d’ aujourd’hui, avec le maestro d’un festival conçu comme « l’avant-poste d’un futur radieux, à la fois
ouvert sur le monde et ancré dans son territoire, comme le Chamoniard. »

Le pas dans le vide

D’un pas dans le vide, Chamonix pousse aussi très haut la note de la culture montagnarde. Frisson garanti dans la pièce transparente accrochée à la paroi de l’Aiguille du Midi d’où chacun pourra bientôt embrasser le paysage à la manière d’un alpiniste. « Outre les espaces, c’est aux connaissances que l’on souhaite avoir accès », déclare Pierre-Yves Chaix, scénographe de l’agence chamoniarde Implicite à qui la Compagnie du Mont Blanc a également confié la réalisation du Glaciorium (8) de la Mer de Glace. Un espace de 120m2 fertiles en effets spéciaux centrés, entre autres, sur le mécanisme des avalanches et des effondrements de séracs.
La formation et l’évolution des paysages et des glaciers n’auront plus de secrets pour les visiteurs accueillis sur place par des glaciologues. Ainsi Sylvain Coutterand vous apprend-il que la Mer de Glace a perdu 180mètres d’épaisseur depuis 1852. A l’ époque, il ne fallait pas moins de deux cents mulets pour faire l’excursion du Montenvers, parcouru, dans la foulée des premiers touristes britanniques William Windham et Richard Pococke, par William Turner, Chateaubriand, Byron, Victor Hugo, Alexandre Dumas, Charles Dickens et Louis Pasteur. C’est seulement en 1909 que sera mis en service un petit train rouge qui n’est plus seul aujourd’hui à créer le spectacle !